Publié à l'origine dans Sentient Media
Aujourd'hui, environ un milliard d'Indiens suivent l'hindouisme et de nombreux hindous évitent de manger de la viande pour minimiser les dommages aux animaux. En conséquence, l'Inde est souvent perçue à tort comme une nation majoritairement végétarienne. Mais selon l'Institut international des sciences de la population, en 2017, près de 70 % des Indiens consommaient de la viande au moins occasionnellement.
Les modèles de consommation en Inde sont principalement déterminés par les conditions socio-économiques et les croyances religieuses. Selon une étude récente, alors que la consommation de viande est en hausse dans le pays, des stigmates sociaux y sont attachés. Ces stigmates sociaux ont ainsi engendré des écarts dans les modes de consommation de viande dans les espaces publics et privés.
L'étude montre comment la consommation privée de viande en Inde se produit de différentes manières. Les endroits à l'extérieur de la maison comme les restaurants, les aires de restauration, les bureaux ou les espaces "sûrs" séparés comme les pelouses, les cuisines séparées et les salles à manger pour les membres de la famille non végétariens à la maison sont des coulisses pour manger de la viande en Inde.
Cependant, obtenir une estimation précise de la consommation de viande en Inde est une lutte. Diverses recherches indiquent que les Indiens sont particulièrement susceptibles de sous-déclarer leur consommation de viande en raison des restrictions culturelles et des tabous associés à sa consommation.
Préférences des consommateurs pour la viande
Parmi les différentes viandes consommées en Inde, le poulet et le poisson ont le taux de consommation par habitant le plus élevé, selon une enquête nationale par sondage menée en 2012. Selon l'étude réalisée par Preeti Dhillon, chercheur à l'Institut international des sciences de la population à Mumbai, un régime non végétarien, en particulier du poisson et d'autres fruits de mer, est plus courant dans les régions côtières de l'Inde.
La popularité du poulet dans le pays est relativement élevée en raison de sa polyvalence. Le poulet n'est pas non plus associé à des tabous religieux. Mais alors que l'Inde est considérée comme l'un des marchés de la volaille à la croissance la plus rapide au monde, The Hindu rapporte que la consommation de viande de bœuf et de buffle est en hausse.
Selon le recensement indien de 2014, seuls trois Indiens sur dix s'identifient comme végétariens. Même parmi les végétariens indiens, on estime que les trois quarts sont des lacto-végétariens (c'est-à-dire que le lait et les produits laitiers sont consommés mais pas de viande ou d'œufs) et environ un quart des végétariens indiens sont des lacto-ovo-végétariens (c'est-à-dire des œufs et des produits laitiers). les produits sont consommés mais pas la viande).
Cela pourrait-il signifier que l'Inde est prête pour la viande alternative ? Une étude récente a évalué les préférences des consommateurs à Mumbai pour quatre sources de protéines :la viande conventionnelle, la viande végétale, la viande cellulaire et les pois chiches. Bien que les participants aient toujours évalué les viandes à base de plantes plus haut que la viande à base de cellules ou conventionnelle, il est important de noter que la même chose pourrait ne pas être vraie dans les villes de niveau deux ou trois où la viande est toujours considérée comme un produit de luxe associé à un statut social en hausse. Là-bas, les gens ne cherchent pas d'alternatives à base de plantes, du moins pas encore.
L'étude a également révélé que le marché cible des substituts de viande en Inde est souvent composé d'individus soucieux de leur santé et non de végétaliens ou de végétariens. Cela contribue à expliquer l'écart entre la consommation publique et privée de viande en Inde.
Pourquoi les régimes changent
Depuis 2006, l'Inde a connu une évolution majeure des régimes végétariens vers des régimes contenant de plus grandes quantités de viande. Des facteurs tels que l'urbanisation, une plus grande exposition à de nouvelles cultures et l'augmentation des revenus disponibles pourraient être des raisons possibles de ce changement.
Bien que la consommation de viande par habitant en Inde soit faible, selon les recherches recueillies par les spécialistes des données Hannah Ritchie et Max Roser en 2019, la consommation totale de viande et le nombre total de têtes de bétail en Inde sont parmi les plus élevés au monde.
Selon le Département de l'élevage, il y a 2,3 milliards de poulets à griller, 135 millions de chèvres et de moutons et 3,3 millions de bovins abattus pour leur viande chaque année rien qu'en Inde. Les licences illégales des abattoirs et la corruption ouvrent la voie à des méthodes de production de viande moins conventionnelles, comme le commerce de la viande de chien. Avant la récente interdiction de vente de viande de chien dans l'État du Nagaland, environ 30 000 chiens étaient abattus chaque année.
Une menace pour le climat
En 2012, les émissions annuelles de GES de l'Inde équivalaient à 18 % des émissions nationales brutes. Le bétail représentait plus de la moitié de ces émissions. En 2017, le secteur agricole a contribué à 19,6 % des émissions totales de GES de l'Inde, les produits de l'élevage comme le mouton (viande de chèvre), les œufs, le lait et la volaille représentant plus de 70 % de ces émissions.
Certains chercheurs ont prévu qu'une consommation accrue de produits d'origine animale est le principal moteur de l'augmentation des émissions de GES en Inde, de l'aggravation de la pénurie d'eau et de l'intensification de l'utilisation des terres. Avec une population de 1,3 milliard d'habitants (soit quatre fois la population des États-Unis vivant sur un tiers de la masse continentale.), les habitudes de consommation de viande actuelles et futures de l'Inde auront un impact mondial sérieux.
Il y a très peu ou pas de recherche sur l'impact que la demande croissante d'aliments d'origine animale dans les pays en développement comme l'Inde peut avoir sur la structure environnementale mondiale. Avec un certain nombre de maladies en augmentation, que signifie l'augmentation de la consommation de viande en Inde pour les générations futures, et quel impact aura-t-elle sur la santé publique, la planète et les animaux ? Seul le temps nous le dira.
À propos de l'auteur : Kritika Singh est stratège marketing et podcasteuse chez It's Kritikal! et un bénévole des médias sociaux avec Sentient Media.